Exposition : Et Pourtant Ils Créent ! (Syrie La Foi Dans L’Art)

   Il vous reste encore plus d’un mois pour profiter de l’exposition Et Pourtant Ils Créent (Syrie La Foi Dans L’Art) hébergée à l’institut du monde arabe jusqu’au 17 juillet. Cette exposition met l’accent sur des artistes syriens qui ont continué de créer après le début de la révolution. Toutes les oeuvres présentées ici sont postérieures au conflit et en sont imprégnées. La plupart de ces créateurs sont jeunes, pour certains c’est le conflit qui a déclenché leur besoin de créer.

Les démarches, parfois opposées, de ces artistes interpellent et sont à l’image du peuple syrien. La guerre a fait émerger une palette de sentiments très divers : de la colère à la joie, de la souffrance à l’espoir.

Certains créent pour expier leurs peurs et leurs angoisses, c’est un besoin vital qui est en soi une forme de résistance à l’horreur. C’est le cas de Walaa Dakak avec son oeuvre Paranoïa Eye and I, il dépeint la terreur dans une société sous constante surveillance, où chacun espionne son voisin.

D’autre s’évade et ouvre un horizon par-delà l’horreur, au-delà de notre impuissance. Le photographe Ammar Abd Rabbo et ses instantanés d’Alep montrent que la vie reprend ses droits malgré tout, une accalmie entre deux orages.

L’art est également un moyen de lutter contre l’oubli, la mémoire est au centre du travail de Charbel Samuel Aoun. Son installation sonore de plusieurs vieux téléphones filaires invite le visiteur à se saisir du combiné : au bout du fil, différents syrien en exile ou non nous racontent leurs histoires souvent entachées de drame, de tristesse mais aussi d’espoir. Bien qu’en langue arabe, les témoignages sont poignants, l’émotion des voix suffit. C’est l’oeuvre la plus plébiscitée par les visiteurs.

Les trois facettes du conflit sont traitées : un conflit religieux, une révolution mais aussi une guerre froide. L’artiste Charbel Samuel Aoun a créé la polémique, il rappel dans ses oeuvres que la religion est au centre de ce conflit. Dans The Bench, il peint sur fond de versets du coran une famille syrienne affamée, aux visages déformés de douleur.

Hormis quelques messages indignés ou pro-Assad sur le livre d’or, les visiteurs dans leur ensemble rendent hommage à cette exposition touchante et essentielle, surtout en ce moment où les médias se et nous détournent de ce conflit meurtrier et pour l’instant sans issu.

http://www.institut-cultures-islam.org/agenda/pourtant-creent-syrie-foi-lart/

Hugo

 

Tout acte de création est d’abord un acte de destruction.

Pablo Picasso

LA GRANDE GUERRE vue par Georges Scott

Aujourd’hui, il est facile de se représenter comment les reporters ou les photojournalistes s’y prennent lors des périodes de conflits. A l’époque de la Première Guerre Mondiale, il est difficile de s’imaginer comment les peintres pouvaient bien procéder. Georges Scott était un de ces « génies ». Pendant la guerre, il interrogeait, photographait, écrivait et illustrait les scènes qu’il voyait à travers des tableaux. Le but était d’informer, mais le rendu était finalement artistique. Ci-dessous, vous pourrez admirer le travail de ce peintre français.

 

 1916 – La voie sacrée, route reliant Bar-le-Duc à Verdun

Avril 1915 – Effet d’un obus dans la nuit

1916 – Héros de Verdun

Une tranchée

1915 – Petite ville flamande

Margot Rousseau

 

Felix Nussbaum (1904-1944)

 » Si je meurs, ne laissez pas mes oeuvres me suivre, mais montrez-les aux hommes. « 

Felix Nussbaum

 

Felix Nussbaum est né en 1904 en Allemagne. Ce peintre, que l’on rattache au courant de la Nouvelle Objectivité, a produit environ 160 oeuvres tout au long de sa vie. Son travail est inspiré par de multiples influences comme Chirico, Rousseau et Van Gogh.

De confession juive, il fuit l’Allemagne dès 1933 pour s’exiler en Italie, puis en France. Il sera arrêté en tant que citoyen Allemand et transféré au camp de Saint-Cyprien dans le sud de la France. Il parviendra à s’évader et restera caché à Bruxelles en compagnie de sa femme jusqu’en 1944. Dénoncé par un voisin, les époux seront déportés au camp de Auschwitz où ils seront tout deux assassinés.

Felix Nussbaum a produit un grand nombre d’oeuvres durant la période d’exil, puis de guerre qu’il a vécu. Il fait de ses oeuvres de véritables allégories de la guerre, la mort et la terreur. Pour lui, ce sera une manière de lutter pour sa dignité et ses valeurs, et de trouver la force de survivre.

Tout au long de sa vie il a réalisé une série d’autoportraits à travers lesquels on peut juger de l’évolution de sa condition: le regard joue un rôle central dans ses oeuvres. C’est à travers lui que l’artiste appelle le spectateur à prendre conscience de la misère de sa condition.

 

Les perles, 1938

Mascarade, 1939

 

Prisonniers, 1940

 

Autoportrait à la clef, Saint-Cyprien, 1941

Peur, autoportrait avec sa nièce Marianne, 1941

Prisonniers à Saint-Cyprien, 1942

Prison, 1942

Autoportrait au passeport juif, 1943

Les damnés, 1943

Le joueur d’orgue de barbarie, 1943

Le triomphe de la mort, 1944

En mémoire de Felix Nussbaum, le musée Felix-Nussbaum-Haus a été créé dans sa ville natale d’Osnabrück. On peut y admirer une grande partie de ses oeuvres.

 

Julia

 

 

Les 5 photos de guerre qui ont marqué l’histoire

 

1. PHOTO DE NICK UT, VIETNAM, 1972 

CONTEXTE Cette photo a été prise lors de la guerre du Viêt Nam qui opposait la République démocratique du Viêt Nam (soutenue par le bloc de l’Est et par la Chine) et le Front national de libération du sud du Viêt Nam (soutenue par les Etats-Unis). L’armée américaine et sud vietnamienne utilisent massivement des armes chimiques dans le but d’en finir avec l’ennemi communiste. 

L’ARTISTE Nick Ut est un photojournaliste vietnamien. En entrant à l’agence Associated Press à Saigon, il a couvert les deux dernières années de la guerre du Viêt Nam. Sa photographie a fait le tour du monde, et a été récompensé par de nombreux prix tel que le prix Pulitzer.

L’HISTOIRE Cette photo montre la détresse des habitants qui fuient leur village. Les vêtements de la petite fille, Kim Phuc, ont été brûlés par le napalm. Après 14 mois d’hospitalisation et 17 greffes de peau, la jeune fille finit par s’en sortir. Aujourd’hui, elle vit au Canada avec ses deux enfants. Elle préside la fondation Kim Phuc et est nommée Ambassadrice de Bonne Volonté de l’UNESCO en 1997. Le photographe ne l’avait jamais avoué, mais il a sauvé cette petite fille. En effet, 28 ans plus tard, Kim Phuc a déclaré devant la reine d’Angleterre que Nick Ut lui avait sauvé la vie.

2. PHOTO DE STEVE MCCURRY, PAKISTAN, 1984.

CONTEXTE Cette photo a été prise lors de la guerre d’Afghanistan qui opposait l’URSS et les Moudjahid (combattants islamistes qui s’engage dans le Djihad). Cette guerre a dévasté l’Afghanistan durant 10 années. 

L’ARTISTE Steve McCurry est un photographe américain membre de l’Agence Magnum depuis 1986. Il disait : « De manière inconsciente, je crois, je guette un regard, une expression, des traits ou une nostalgie capable de résumer ou plus exactement de révéler une vie. » Sa photographie a fait la une du magazine National Geographic et est devenue emblématique.

L’HISTOIRE Le photographe a pendant longtemps cherché l’identité de cette jeune fille inconnue, que l’on nommait « l’afghane aux yeux verts ». Après 17 ans de recherche, il la retrouve finalement dans la région. Elle se nomme Sharbat Gula, et ne savait pas qu’elle était devenue une telle icône. A l’époque, elle avait 12 ans et vivait dans un camp de réfugiés afghans.

3. PHOTO DE JEFF WIDENER, CHINE, 1989

CONTEXTE Cette photo a été prise lors des manifestations de Tian’anmen, qui se déroulèrent entre le 15 avril et le 4 juin 1989. Des étudiants, des intellectuels et des ouvriers chinois s’étaient rassemblés pour lutter contre la corruption.

L’ARTISTE Jeff Widener est un photojournaliste américain. Pour la petite anectode, avant de prendre cette photo, il a été blessé par un pavé lors de la manifestation et il s’est protégé avec son appareil photo, ce qui lui a sauvé la vie. Sa photo lui a valu le prix Pulitzer en 1990.

L’HISTOIRE Il semblerait que l’homme sur la photo est un étudiant de 19 ans. Les versions sur ce qu’il s’est passé ensuite divergent. Certains disent qu’il a été arrêté, d’autres exécuté. Mais le gouvernement chinois reste silencieux. Cette photo a d’ailleurs été diffusé dans le monde entier, excepté en Chine, ou elle a été interdite et ou cette partie de l’histoire reste tabou.

 4. PHOTO DE EDDIE ADAMS, VIETNAM, 1968.

CONTEXTE Cette photo a été prise pendant la guerre du Vietnam, lors de l’offensive de Têt. Il y avait alors des affrontements entre les Vietcong et l’armée vietnamienne. Sur cette photo, un soldat vietnamien exécute un vietcong.

L’ARTISTE Eddie Adams était un photojournaliste américain. Tout au long de sa carrière, il couvrit 13 guerres, dont la guerre du Vietnam. Il a dit, à propos de cette photo : « Le colonel a tué le prisonnier, j’ai tué le colonel avec mon appareil photo » 

L’HISTOIRE Le colonel, après avoir tué le vietcong, a dit « Ils ont tué beaucoup de mes compatriotes, et des vôtres aussi ». La photographie est devenue tristement célèbre et la réputation du colonel a subit des dégâts. Eddie Adams regretta d’avoir pris cette photo et s’est excusé auprès du colonel, qui ne lui en a jamais voulu.

5. PHOTO DE LUIZ VASCONCELOS, BRESIL, 2009.

LE CONTEXTE Cette photo représente une femme qui tient son enfant dans les bras, et qui est chassé par les forces de l’armée brésilienne.

L’ARTISTE Luiz Vasconcelos est un photographe brésilien. Il a réçu le premier prix 

LE CONTEXTE La femme présente sur la photo fait parti du mouvement des sans-terre. C’est une organisation brésilienne populaire qui milite pour que les paysans puissent cultiver des terres, même si elles ne leur appartiennent pas.

Margot Rousseau

Interview d’Andeel, caricaturiste égyptien

 

(Photo souvenir de la joie du grand peuple Egyptien)

Artiste autodidacte et engagé, Andeel croque le quotidien et les maux d’une Egypte en crise. Il dépeint grâce à ses caricatures la vie politique instable du pays. A seulement 27 ans, il cherche ainsi à interpeller une société profondément divisée. Il collabore avec des journaux égyptiens indépendants comme Mada Masr et Egypt Independant, mais il est aussi l’auteur de bandes-dessinés (Tok Tok) et a réalisé des courts métrages (Who knows ?). Rencontre avec ce combattant de la liberté à la plume acerbe.

Comment en êtes-vous arrivé à la caricature? 

« J’ai grandi dans une maison d’artistes. Mes parents ont beaucoup soutenu ma passion pour le dessin. J’ai passé une grande partie de mon enfance à regarder des dessins animés ou des BD et à essayer de faire les miens. J’ai fait ma première caricature à propos de mon père parce qu’il ne voulait pas m’emmener au zoo. Il était très tolérant. En fait c’est lui qui m’a expliqué ce qu’était la caricature et comment l’utiliser pour exprimer la manière dont je vois le monde.

J’ai vraiment commencé les caricatures en 2005, à une période assez lointaine de la révolution de Janvier. A un moment, j’ai décidé d’arrêter la caricature parce que je pensais que ce que nous faisions était inutile. J’avais l’impression que nous nous battions contre un océan, parlant aux gens de la tyrannie, de la dictature et de l’injustice, mais rien ne changeait.

Quand le 25 Janvier est arrivé, on a dessiné des caricatures sur des énormes pièces de vinyle et nous les avons amené place Tharir. Les gens ont ajouté leur propres slogans et griffonnaient dessus. D’autres avaient déjà des panneaux et des vêtements avec des dessins dessus. A ce moment, j’ai réalisé combien mes caricatures était plus proches des gens que je ne l’imaginais.»

(Photo de Nadia Mounier)

Selon vous, quel impact peut-avoir une caricature ? 

« Je pense que les caricatures, comme beaucoup d’autres choses, sont le reflet de la manière dont le caricaturiste voit le monde, et la société où il vit. On peut en dire beaucoup sur une société en regardant le genre de caricatures qui y sont faites. Les caricatures peuvent ouvrir des discussions, amener les gens à penser d’une façon spécifique, ou suggérer des choses. Les gens réagissent aux images en général. Si vous n’êtes pas prudent vous pouvez finir par insérer des mauvaises conceptions et des déformations dans le subconscient des gens qui regardent vos caricatures. »

« You may attack them in an article, but not in cartoon. »

Avec le retour à un régime militaire, êtes-vous inquiet pour votre liberté d’expression ? 

« Je m’inquiète pour la liberté d’expression, et je comprend que le vide laissé par le 25 Janvier trouble beaucoup de gens, et qu’ils ont besoin de changer ça. Je sais aussi que nous avons gagné des libertés que nous ne sacrifierons pas facilement. Une société en révolte est une société en crise profonde. C’est une société où le principe fondamental du vivre ensemble est bafoué, et ou les concepts de gouvernement et d’autorité sont eux mêmes remis en question. Selon moi, ce contexte encourage les gens à se battre pour leur idéal politique et contre la forme classique d’autorité. C’est une éternel discorde entre pouvoir, ordre, responsabilité, menaces et fonctionnement de l’Etat. Je suis quelqu’un qui croit en la liberté et au changement. »

 

 

 

«Dans cette caricature,  je souhaitais parler des gens qui ne sont pas conditionné pour supporter les mesures militaires violentes contre les frères musulmans qui ont été prises par Sissi après le 30 juin. Je voulais imager ce que signifique le fait de mandater quelqu’un pour tuer quelqu’un d’autre: vous devez connaitre la taille de votre acte, le visualiser, et être capable de vivre avec. Le gars au café à ses amis : « Ne vous inquiétez pas, il est avec moi.»»

 

« May our lord punish them » – « May our lord punish them »

 

Pour un plus grand aperçu du travail d’Andeel, rendez-vous sur: http://www.behance.net/andeel

 

Julia